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C'est à eux qu'il voulait ressembler en français. Prenant la plume, il remplit de son écriture fine de grandes pages de papier écolier avec des Poésies, des Ballades, des Chansonnettes, des Contes et des Récits populaires. Puis il dévora des Romans. La masure sombre où il habitait en compagnie de sa grand mère, une vieille femme qui ne savait que le breton, était remplie de livres d'aventures. Dans ces récits rocambolesques, son désir d'échapper à l'Etreinte de la Toux trouvait un narcotique.

Un jour il avait 20 ans il fit à Morlaix la connaissance de Théophile Guyomarc'h, qui rédigeait à cette époque la Rubrique Chansonnière du journal Le Petit Breton. Propagandiste persuasif, Guyomarc'h, dit Tonton Phile, eut vite fait de convaincre François Abgrall de consacrer son talent naissant à la véritable Bretagne, celle qui ne brille pas à travers un prisme déformant, mais qui se sert de sa propre langue pour traduire ses propres sentiments. C'était un gros sacrifice d'abandonner le français qui rend célèbre! Mais Abgrall promit toutefois de se mettre au breton. Alors, il m'écrivit une première lettre, où, se réclamant de mon fils Gildas, qui fut son condisciple de Collège, il me demandait de guider ses premiers pas dans la Littérature bretonne. Je lui passai le Barzas Breiz. C'est par là que doivent s'initier tous les Jeunes qui veulent entretenir leur enthousiasme. Malheur à qui porte sur le Barzaz Breiz, par érudition ostentatoire, un jugement téméraire. C'est avec cette Bible qu'on fait les Croyants de la Patric. Quand François Abgrall fut devenu de ces Croyants, et ce fut rapide, je lui donnai la Grammaire Bretonne de Vallée, le Dictionnaire d'Ernault et quelques volumes de poèmes bretons.

A la fin de 1927, il écrivit Krog an Tan (La Prise du Feu). Admirez la facture de ce bardit et le lyrisme qui en déborde. François Abgrall, encouragé par l'accueil fait à