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Sous le signe du hasard


L’été languissant achève de mourir dans le bourdonnement mélancolique des dernières batteuses et la romance des tourterelles. Les bois se teintent d’or et le ciel d’un bleu divin distille la tendresse infinie des souvenirs. Il y a dans l’air un je ne sais quoi de résigné, la quiétude un peu nostalgique des regrets atténués, l’apaisement sous la fatalité adoucie des espoirs évanouis sans haine.

C’est l’époque où l’on se retourne sans bruit vers le passé, l’époque où dans les cœurs attiédis ne flambe nulle épopée, où l’on peut fouiller sous les cendres sans craindre la traîtrise des étincelles. Époque rassérénée, toute en nuances, d’une tonalité mesurée, avec du calme et de l’oubli… La brise chargée des derniers parfums a, des caresses apaisantes, la tendresse consolatrice et un peu désabusée des derniers beaux jours, l’automne d’une belle qui au miroir de son âme, se laisse défaillir aux ressouvenirs du passé encore tout proche.

Le soleil rit dans les feuilles tremblantes des chênes. Vibrantes dans l’air pur, des alouettes grisées d’azur, chantent à gorge déployée. Dans la poussière blanche de la route aux gazons brûlés, des moineaux se baignent éperdûment en craquant leurs plumes ébouriffées. Hâtifs, des papillons vont au caprice des fleurs.

Rêveur, je vais à la cadence un peu folle des rimes, au rythme enchanteur des vers qui clament à mon oreille et je suis ravi de cette extase poétique qui éveille au cœur