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chevaux hennissant et piaffant, furent équipés. Seulement, lorsqu’on voulut se mettre en route, le biniou et la bombarde manquaient à l’appel. Gros émoi parmi le personnel des cuisines et gros remous dans la cavalcade. On finit par découvrir les deux délinquants, se faisant des politesses et buvant à leurs santés respectives entre deux tonneaux de « chufere ». Ils étaient légèrement ivres et émus. Riwall courut à son biniou. Torr-Rëor enleva sa bombarde du plus profond de son « chupen » avec un soupir du plus profond de son cœur. Après quoi, nos deux compères se mirent en quête d’un cheval. Las ! il ne restait plus qu’un malheureux bidet blanc, borgne et boiteux et qui aurait pu se prétendre cousin germain de l’« inkane », de Gradlon. Force fut à nos deux compères d’enfourcher ce vénérable coursier qui n’avait plus de crinière et dont la queue, pareille à un balai de crin, se soulevait immodérément avec un petit bruit ironique dont seuls les bidets bretons avaient le secret. Riwall le sonneur se grattait l’oreille, et toutes les fois que son cheval… saluait, il gémissait de honte, d’autant plus que les gars du cortège l’accablaient de quolibets.

— Oh ! le beau chevalier, sur sa blanche hacquenée, lui criait-on. Où donc vous en allez-vous, messire, avec votre gente damoiselle ? Ne craignez-vous point pour votre palefroi ?

Sur ce, le palefroi, sans plus de souci des formes, répondait du tac au tac par une savante pétarade, tandis que la « damoiselle », en l’occurrence, le digne Torr-Rëor, le bombarde, maugréait de rage. Mais l’« inkane » boiteux avait bon œil et bon pas. À mesure qu’il marchait, son allure se régularisait.

Sell-ta, murmura Riwall, voilà ce « kamus » qui se réveille. Quelle farce si on arrivait avant les autres à Berrien. Attention, Torr-Rëor, on va leur jouer un air.

Torr-Rëor s’aboucha avec sa bombarde. Riwall attaqua