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divine. Elle avait taille si menue sous son corsage de velours perlé et si fière allure dans sa jupe svelte qu’on eût dit quelque gracieuse fée des forêts du Huelgoat. Ses souliers à boucles d’argent frémissaient d’une imperceptible impatience. Telle, on l’aurait abordée comme la princesse Mariollon, avec le refrain connu :


Peuz ket gwelet evit an de,
Eur c’hi gwen o vonet aze.
Eur c’hi ru,
Eur c’hi ru,
Eur c’hi gwen,
Prinsez Mariollon, Mariollen !


Quant à Kaou-Bihan, bornons-nous à dire qu’il ne désirait plus rien et que, le cas échéant, il n’eût pas échangé sa place contre celle de saint Pierre en personne. Toute la famille de Kaou-Bihan, et cela se comprend, était sur les lieux. Nous avons déjà dit que Kaou était l’aîné d’une nombreuse et pauvre famille. Quand nous disons nombreuse, nos lecteurs nous pardonneront de ne point préciser. À vrai dire, nous ne le pourrions pas, pour la bonne raison que Kaou-Vraz, le chef débonnaire de cette prolifique lignée, n’avait jamais su exactement s’il avait droit de paternité sur seize ou dix-sept enfants, n’ayant jamais compté ceux-ci, se contentant de les chérir en bloc et de les corriger un à un, lorsque besoin était.

Lorsque le cortège se forma pour se rendre à Berrien où se devait faire le mariage, les chevaux furent amenés dûment sellés et décorés de rubans et de fanfreluches multicolores. En tête, se plaça Kaou-Bihan, l’heureux mortel qui prit Naïk en croupe. Puis, garçons et filles d’honneur, à deux par monture, s’installèrent. Le cavalier tenait l’étrier à sa doulce et la hissait sur sa « torchen ». De ce fait, cent