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Le permissionnaire, lui aussi, a besoin parfois, selon l’expression populaire, qu’on lui « remonte le moral ». Vient-il dans sa famille, il faut lui éviter d’amollissantes émotions. Tel est l’esprit de l’appel aux Françaises signé d’une de nos grandes féministes. « Rappelons-nous, dit-elle, que nous n’avons pas le droit d’être faibles et que la tendresse vivifiante témoigne d’un plus grand amour que la tendresse amollissante… toute femme qui, à l’heure présente, ébranlerait le sens du devoir envers la Patrie serait une criminelle… N’oublions pas que notre attitude intérieure se reflétera sur notre visage… et que les défaillances… peuvent trouver un écho dans les cœurs. Notre responsabilité sera écrasante et la fermeté des femmes françaises sera décisive. » Sans doute toutes les françaises ont pensé comme elle et si l’on ne saurait jurer que des pleurs n’aient coulé, que des regrets n’aient été exprimés, du moins peut-on assurer que bien rares sonnèrent aux oreilles des permissionnaires, les paroles de découragement.

Et pour le permissionnaire isolé, de nouveau les marraines sont là, trop peu nombreuses certes, mais dont la présence a évité qu’un plus grand nombre de nos soldats n’eût la douleur, l’indignation de se trouver sur le pavé, parmi la gaieté ambiante des grandes villes.

Multiple et changeante comme la vie, revêtant d’aspects divers une bonté, une grâce foncières telle apparaît l’âme des femmes pendant la guerre. Diffère-t-elle tant de leur âme des heures de paix ?