Page:Abensour - Les vaillantes, 1917.djvu/352

Cette page n’a pas encore été corrigée

Elle chancelait comme si elle allait tomber. Le colonel, qui avait de grosses gouttes d’eau dans les yeux la baisa au front.

« Courage, courage…

Merci, murmura-t-elle, merci, j’ai vengé la maison… Le poison… Le lieutenant mort, j’ai volé le drapeau pour vous l’apporter à travers les lignes. Je crois que ça vaut le mal qu’ils nous ont fait.

Oh ! cria le colo, je signalerai au grand quartier général et ta croix de Kara-Georges… Elle lui coupa la parole :

Sur mon cercueil alors, je suis empoisonnée aussi. Il me faisait goûter tout avant lui.

Doucement sa tête se renversait en arrière. Elle eut un regard attendri sur nous tous, enfin dans un murmure :

Ça finit mieux comme ça.

Et puis ses mirettes tournent, elle exhale un soupir douloureux et elle se raidit.

C’est fini ! La petite Serbe est partie là-bas [1]. »

Plus nombreuses sont les femmes qui, utilisant la méthodique préparation militaire des heures plus calmes suivent l’armée pour en assurer tous les services. Il faut bien se représenter qu’en Serbie comme le dit encore un de nos combattants, on a mobilisé jusqu’au dernier gosse. « Tous les hommes de l’adolescence à la vieillesse, tous ceux qui ne sont pas cloués par leurs infirmités ont été acceptés parmi les combattants ». Si les femmes sont utiles en se mêlant à leur foule héroïque, elles le sont bien plus encore en assurant les innombrables services pour lesquels on ne trouve plus d’hommes. Infirmières, elles soignent à l’arrière les malades et les blessés ; brancardières, elles-mêmes elles

  1. Paul d’Ivoi. Femmes et gosses héroïques.