même passa en revue et félicita chaudement les amazones.
Dans la dure retraite amenée par le gigantesque effort allemand d’avril 1915, dans les terribles batailles de la Dunajec et du San où les Russes désarmés tiennent tête à la plus formidable artillerie qu’on ait encore mise sur pied, nous retrouvons quelques-unes de nos héroïnes. La charmante escouade féminine composée de Zoé Smirnova et de ses onze amies va s’effeuillant au vent brûlant de la mitraille. Quelle force d’âme il faut aux gentilles et courageuses enfants pour dompter des nerfs féminins en une épreuve où tremblent les guerriers les plus endurcis. Écoutons leur historiographe, Zoé Smirnova narrer avec une naïveté attirante ses impressions.
— C’était effrayant ? demande — assez naïvement — à Zoé un officier. Vous avez eu peur ?
— Mais oui, comment donc ne pas avoir peur ! Quand les Allemands se mirent à nous envoyer leurs gros obus, plusieurs d’entre nous n’ont pu se contenir et ont crié.
— Ont crié quoi ?
— Ont crié : Maman ! Choura, d’abord, puis Lidia. Elles ont quatorze ans toutes les deux, et elles se souvenaient toujours de leur mère. D’ailleurs, je crois que moi-même j’ai crié la même chose. Toutes nous avons crié. Les hommes aussi avaient peur.
Comme Henri IV « gourmandant la vieille carcasse », elles montrent un courage moral capable de conduire et de maintenir au danger, la chair en révolte. Et elles se comportent si bien que Zoé Smirnova conquiert le grade de sergent.
Mais peu à peu la tempête de feu accomplit son œuvre.