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Serait-ce au seul point de vue du nombre, ces groupements sont donc loin d’être une quantité négligeable, bien qu’ils soient peu de choses en face des 600 000 féministes anglaises.

Mais le nombre n’est rien, dans l’élaboration d’un mouvement social et furent-ils plus de cent mille, les « hommes éclairés » qui préparèrent la grande Révolution ? Ce qui importe, c’est qu’à peu d’exceptions près, l’élite féminine se soit montrée favorable. Aux femmes qui lisent, qui pensent et qui savent regarder la vie, le féminisme est apparu comme un devoir envers elles-mêmes et envers la foule de leurs sœurs ignorantes et pauvres.

La crainte du ridicule aurait pu les arrêter dans cette voie : elles l’ont bravée et il faut dire qu’elles y eurent moins de mérite que leurs devancières de l’âge héroïque. Car pour être féministe il n’est plus nécessaire aujourd’hui, s’il le fut jamais, de porter un costume grotesque et de renoncer à toutes les joies de l’amour. Chapeaux élégants — voire excentriques — et robes de grand couturier ou sévères toilettes bourgeoises, cheveux blond vénitien ou respectables têtes blanches, voilà ce qu’on pouvait observer dans les derniers congrès ; plus de déguisement masculin, plus de cheveux courts, et la plume de Sem serait ici mieux à sa place que le crayon de Daumier. La caractéristique du mouvement féministe actuel en effet, est, par opposition avec ses devanciers qui furent plébéiens, son extension dans l’aristocratie et la bourgeoisie.

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