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Et devançant elle-même l’ennemi, Émilienne Moreau saisit des grenades et ouvre à son tour le feu. Les Allemands sont tués, elle peut ramener chez elle le blessé. Une autre fois, elle dût se défaire de deux Allemands qui, réfugiés dans la maison d’école, tirèrent lâchement sur elle et sur un blessé. C’est sans trembler qu’elle les abat à coup de fusil, sans trembler qu’enjambant les cadavres, elle parcourt parmi les explosions le terrain labouré d’obus, semé de murs croulants, qui fut Loos.

N’allons pas cependant voir en elle, une exaltée, une virago grisée de carnage. Pour sauver sa vie ou celle d’un blessé, pour chasser l’ennemi de sa ville, elle revêt quelques instants une personnalité étrangère à sa nature et s’étonne de se reconnaître le danger passé. « Je retrouvai bientôt ma faiblesse de jeune fille », dit-elle après le récit d’un de ses combats. « … J’étais prise d’un immense dégoût », ajoute-t-elle ailleurs. Et la même femme qui a trouvé la force pour le geste du guerrier, peut à peine garder son sang froid pour le geste de l’infirmière qu’elle préfère cependant.

Enfin on annonce que les Allemands sont repoussés jusqu’à la Fosse et ne reviendront plus. Loos est délivrée.

Émilienne Moreau, elle aussi, a, comme elle le souhaitait participé aux périls et à la gloire des combats. Elle a contribué à la délivrance d’un lambeau de terre de la grande patrie, du sol même où repose son père et où vivent les siens.

Plus heureuse que bien d’autres la jeune héroïne a pu, d’une gloire bien gagnée, parer, comme d’un nimbe d’or,