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teurs font les lois pour ceux qui font les législateurs. » [1]

En même temps les féministes remarquent que, en dehors des professions dont les usages ou les préjugés concèdent l’accès à la femme, il en est d’autres qu’elle pourrait aussi remplir. Employée dans une maison de commerce, ne peut-elle pas l’être dans une administration publique ? Institutrice ne peut-elle être professeur ? Sage-femme, ne peut-elle être médecin ? Peu à peu, entraînées d’un mouvement irrésistible, les femmes en viennent à réclamer l’accès de toutes les professions masculines ; et la logique de leurs revendications s’impose aux gouvernements avec une telle évidence que, de 1870 à nos jours, les femmes obtiennent effectivement soit par la loi, soit par le simple usage, l’accès de presque tous les métiers masculins, de toutes les professions libérales masculines. Avocates, doctoresses, cochères, chauffeuses, employées d’administration, les femmes se sont montrées aptes à tous les rôles et ont démontré le féminisme par la pratique. Pendant la même période le nombre de femmes exerçant des métiers manuels n’avait cessé de s’accroître. À la veille de la guerre, de nombreuses études ou statistiques ont montré quelle place importante les femmes tenaient désormais dans la vie économique et intellectuelle de la France. Des millions de paysannes travaillent aux champs, on compte un million au moins d’ouvrières, domestiques ou employées de commerce, quelques milliers de femmes

  1. Discours de M. Viviani au congrès féministe de 1900.