Page:Abensour - Les vaillantes, 1917.djvu/226

Cette page n’a pas encore été corrigée

ramasser nos blessés pour les conduire à l’ambulance. Elle renouvela six ou sept fois le même voyage, jusqu’au moment où elle tomba, les deux jambes traversées. Mlle  Bossuat agit de même à Lizy-sur-Ourcq.

Mme  Meunier, fermière du Lessart, près de Nanteuil le Haudoin semble échappée de quelque roman d’aventures.

C’est une forte luronne, aux traits accuentués, dont la pose révèle une Madame Angot rustique. Son regard franc, la vivacité de ses reparties, sa cordiale bravoure font comprendre que nos soldats l’aient appelée Madame Risque-Tout.

Tandis qu’à la fin d’août 1914, tous les habitants du Lessart, comme ceux des villages environnants, fuirent vers le Sud, Mme  Meunier, seule dans sa ferme avec une veille mère et trois jeunes servantes, décide d’affronter les hordes. Elle prend seulement la précaution — justifiée — d’enterrer le vin et l’eau-de-vie.

Au début de septembre, les Allemands passent d’un pas de victoire. Le 3 au matin un officier se présente à la ferme avec une longue liste de réquisitions. La fermière donne les vivres. L’allemand — honnête par hasard — tend un billet de banque. Elle le repousse. « Je ne veux pas de votre argent… vous pouvez tout prendre à une condition : j’irai et je viendrai à ma guise ».

Mme  Meunier a son projet. Et, l’officier parti, elle se précipite à l’écurie, attelle le cheval et bourre sa charrette de victuaille. Elle s’est assignée la tache de ravitailler les blessés français de Nanteuil-le-Haudoin, occupé par les Allemands.