Page:Abensour - Les vaillantes, 1917.djvu/190

Cette page n’a pas encore été corrigée

avec des vieillards infirmes dont j’ai la charge. J’ai des lits. Comme le commandent les lois de la guerre et les préceptes de ma religion, je soignerai vos blessés avec un entier dévouement. Épargnez la ville et le couvent. Je m’en rapporte à votre dignité de soldats ».

Il n’était que temps. De violents coups de crosse ébranlent la porte et je me trouve face à face avec trois grands officiers allemands qui braquent sur moi leurs revolvers. Je tends mon papier à celui du milieu. Il met son monocle et lit attentivement pendant que les autres me tiennent en joue. Puis il dit en mauvais français :

« Où est le Bourgmestre ?

— Il est parti.

— Où est le pasteur ?

— Il est parti.

— Tout le monde est parti. Alors on nous prend pour des barbares. On s’en repentira.

Vous brave ! Votre maison sera respectée ».

Devant les revolvers braqués sur elle, devant les figures féroces des barbares, sœur Gabrielle ne baisse pas les yeux.

« D’un geste, dit elle, je relève les canons des pistolets et je dis fermement :

« Il faut que vous me donniez votre parole d’honneur que vous épargnerez aussi la ville. »

Il répond : « C’est bien » et il demande à visiter l’hospice. Quand il voit le dortoir dont les lits étaient vide (les vieux étaient toujours à la cave), il dit : « il me faut ces lits. » Je lui fais observer que ce sont les lits de