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Du premier mois de la guerre également date le beau trait de courage dont a fait preuve Mlle  Carré, fille du maire de Guise. Réfugiée à Reims à la fin de juillet, elle apprend que son père n’a pu rejoindre son poste. Elle décide de le remplacer. Un matin, elle part de Reims à pied et fait, en trois jours, à travers les lignes allemandes, les 90 kilomètres qui la séparent de Guise. Dès son arrivée, elle se présente au premier adjoint, s’installe à la mairie et se met en relations avec le pouvoir militaire allemand. C’est le moment de la grande poussée sur Paris. Les troupes allemandes affluent, les réquisitions se succèdent et la population civile de Guise risque de mourir de faim. Cependant l’énergie et l’habileté de Mlle  Carré permettent une entente avec les généraux allemands et le ravitaillement de la cité.

À E… une jeune institutrice de vingt-deux ans se comporte de même. En vertu d’ordres partis de haut et de loin, dit non sans ironie un journal d’enseignement, elle est restée à son poste. Les Allemands envahissent la maison d’école qui est en même temps la mairie. Revolver au poing, ils menacent, tempêtent. Mlle  E… sait cependant éviter le désastre. Le village, épargné par les incendiaires et les massacreurs, est seulement pillé. Quand les armées refluent c’est comme si un vol de sauterelles dévastatrices avait passé. On ne peut trouver aucune provision de bouche. Alors l’institutrice part elle-même à bicyclette pour la ville voisine et assure le ravitaillement.

Non loin de E… est situé le village M… Là aussi