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résistance. Puis, lorsque son séducteur l’a abandonnée, elle a perdu l’habitude du travail, « elle se prostitue au coin d’une rue[1] », pendant que « son séducteur… déclame contre la corruption[2] ».

D’ailleurs ce n’est pas toujours la recherche du superflu, c’est bien souvent celle du nécessaire qui amène les ouvrières à la débauche. « Les choses en sont au point que beaucoup de femmes se prostituent par vertu[3], dans l’unique dessein de ne pas laisser mourir de faim une famille nombreuse…, lorsqu’elles ne peuvent trouver dans le travail de quoi nourrir leurs parents vieux ou infirmes[4]. »

D’ailleurs ce travail même, si mal rétribué soit-il, il est bien difficile à l’ouvrière honnête et décidée à rester honnête de se le procurer. « Pour obtenir du travail de la fabrique, dit le Conseiller des Femmes, la bonne exécution du travail et la probité ne suffisent pas ; il

  1. Boyer, État des ouvriers.
  2. Ibid., chap. iii.
  3. Ibid.
  4. Parent-Duchatelet, ouvrage cité.