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La vie que l’ouvrière mène ensuite, jeune fille ou femme, n’est pas faite pour lui rendre les forces et la santé. Arrivée à douze ou quinze ans, elle doit en apprentissage « être la servante des maîtres chez qui elle est placée[1] », et qui lui infligent souvent de mauvais traitements. Plus tard, « elles sont accablées par un travail excessif, répugnant et malsain[2] » ; leur vie s’écoule dans des ateliers « hideux de malpropreté » ou, pour celles qui travaillent chez elles, « dans des greniers malsains d’où elles ne sortent jamais et où elles manquent souvent des choses les plus nécessaires à la vie[3] ». Elles sont, dit Parent-Duchatelet, dans de plus mauvaises conditions physiologiques que les prostituées elles-mêmes[4]. Aussi beaucoup d’ouvrières meurent jeunes encore. Les individus ne sont pas seuls atteints ; la nation entière subit les conséquences de cette misère. Les mauvaises conditions dans lesquelles les

  1. Le Conseiller des Femmes, 18 janvier 1834.
  2. Boyer, État des ouvriers, chap. iii.
  3. Ibid.
  4. La Prostitution en France, cité par Boyer. Ibid., chap. iii.