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supérieure à l’homme et fait presque deux fois plus d’ouvrage que lui. D’après Flora Tristan, c’est donc (chose qui semble au premier abord paradoxale) la trop grande habileté des femmes qui fait leur malheur. « Un imprimeur, ajoute-t-elle pour confirmer sa thèse, me disait un jour avec une naïveté caractéristique : « On les paye moitié moins ; c’est très juste, puisqu’elles vont plus vite que les hommes ; elles gagneraient trop si on les payait le même prix[1]. » Pas plus d’ailleurs que chez les patrons, les ouvrières ne trouvaient de sympathie chez les ouvriers. Ceux-ci se plaignaient de la concurrence que leur faisaient les femmes et, en 1847, l’Association des ouvriers typographes décida qu’on empêcherait par tous les moyens les femmes d’être admises dans les ateliers de composition[2]. Des faits de ce genre, et dont l’époque contemporaine offrirait plus d’un exemple, montrent bien la justesse de l’idée émise par Flora Tristan.

  1. Flora Tristan, loc. cit.
  2. La Démocratie pacifique, mai 1847.