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leur union ; ils n’auront pas le droit, et c’est là la profonde différence avec la conception d’Enfantin, de contracter plusieurs unions à la fois. La fidélité réciproque des contractants est même, chose curieuse dans un régime d’union libre, garantie par l’État ; tout damoisel ou vestel surpris en flagrant délit d’infidélité, sera chassé ignominieusement de sa corporation.

Parmi tous les féministes, une seule, George Sand, a émis la théorie véritablement moderne de l’union libre : Deux êtres jeunes et libres s’unissent pour fonder une famille, se marient ensemble « à la face de Dieu… sans autre prêtre que leur amour[1] ». Leur union ne sera pas, comme le conçoivent les saint-simoniens, passagère et fragile ; la seule force de leur amour rendra le lien aussi solide et aussi durable que s’il avait été consacré par la société. Mais ils seront en droit, quand l’harmonie cessera de régner entre eux, de revendiquer hautement leur liberté et de se séparer sans aucune formalité.

  1. Jacques, lettre 95.