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en effet qu’il appartiendra seulement à la femme de savoir si l’enfant doit connaître son père[1]. De plus, nous voyons qu’un homme peut appartenir à la fois à deux ou plusieurs femmes.

C’est encore en partant d’un tout autre principe que Claire Démar arrive à l’union libre. Pour elle, en effet, le mariage, quoique non consacré par la société, qui, dit-elle, donne une publicité odieuse à l’acte d’amour, doit être, en principe, indissoluble. Mais, dit-elle, il est dans le mariage un principe matériel dont on ne tient pas suffisamment compte : « Alors même qu’on reconnaîtrait l’existence de rapports intimes… de deux âmes, alors même qu’on aurait conscience d’une parfaite unité de sentiments, de pensées et de vouloirs, tout cela pourra bien encore se briser contre une dernière épreuve décisive, mais nécessaire, indispensable… l’épreuve de la matière par la matière, l’essai de la chair par la chair[2]. » En d’autres termes il peut arriver que des fiancés qui s’adorent

  1. Olinde Rodrigues, Aux Saint-Simoniens, p. 10.
  2. Cl. Démar, Ma Loi d’avenir.