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équivoque : « Vivre sa vie », datent de George Sand. Sauf les groupes chrétiens, trop d’initiateurs et d’initiatrices ont fait leur ce programme de révolte sensuelle et sentimentale. Certaines « pionnières » sont des mécontentes, des inquiètes, qui secouent tous les jougs, sous prétexte qu’elles sont les victimes des personnes et des circonstances. Elles se perdent d’ailleurs ; et leurs écarts douloureux nous donnent, dans le recul du temps, un profitable avis.

Elles furent des révolutionnaires en morale ; mais, en dehors de leur échec personnel, il résulte de cette expérience une autre leçon. Il n’était pas possible que se perpétuât plus longtemps la monstrueuse et ridicule injustice d’une double morale, l’une indulgente et cynique en faveur de l’homme, l’autre hypocrite, absolue et tatillonne contre la femme. Il fallait peut-être les excès des Flora Tristan et des Sand pour nous conduire à la notion libératrice de l’unité de morale pour les deux sexes. Nous trouvons déjà dans la discipline chrétienne cette indication. L’Évangile professe l’unité de morale. Jésus, certes, ne cherche pas d’excuse à la femme adultère, mais il lui