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Bertha. Elle aussi fut très appréciée de ses contemporains. E. Deschamps[1] constate qu’elle jouit d’une grande vogue ; les poésies de Gabrielle Soumet sont, dit-il, d’une originalité frappante sans être jamais bizarres ; il loue « la sévère pureté du style et de la composition ».

Enfin, ce qui caractérise bien la poésie féminine de cette époque, c’est, comme le dit Mme Tastu[2], « l’apparition d’un essaim chantant de jeunes filles sorties des rangs du peuple ». Trois d’entre elles furent assez célèbres : Élisa Mercœur, Louise Crombach et Antoinette Quarré.

La première, simple institutrice de Nantes, obtint une grande vogue vers 1830 ; elle fut encouragée dans sa vocation poétique et protégée par Chateaubriand. Ses poésies donnent l’impression d’une âme délicate et tendre, douée d’un sens artistique véritable ; son style est élégant et pur ; en un mot, elle me parait avoir été douée d’un talent poétique bien supérieur à tous ceux

  1. Les Femmes célèbres contemporaines.
  2. La Revue indépendante, 1841, no 1.