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traire, A. Ségalas, qui devint en 1848 féministe militante, se défend de faire œuvre de « rebelle », d’avoir produit « le moindre hémistiche saint-simonien » et « d’entonner la Marseillaise[1] ». Elle veut seulement nous montrer que les femmes de toutes les conditions, paysannes, femmes du monde, grisettes ou femmes de lettres peuvent exercer une influence heureuse sur l’humanité, « combattre les fléaux sans autres armes que l’amour et les affections[1] ». Elle développe cette idée dans une série de poésies joliment tournées et d’un rythme varié, fraies et pimpantes lorsqu’il s’agit de la grisette « l’alouette de Paris », nobles et sévères quand elle nous montre la religieuse priant dans son cloître pour le salut de l’humanité, ou Moïse brisant le veau d’or :

Moïse, l’aigle saint, du feu dans la prunelle,
Quittait le Sinaï, piédestal du Seigneur,
Quand il vit un veau d’or radieux de splendeur,
Couleur de la lumière et reluisant comme elle.

L’admiration enthousiaste qu’inspira A. Ségalas était évidemment excessive ; ses

  1. a et b A. Ségalas, Préface de la Femme.