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XI
PRÉFACE

non sans une discrète ironie, représenta une comédie intitulée les Droits de la femme. L’auteur s’était galamment documenté dans les bibliothèques des émancipatrices en leur faisant croire qu’il était dévoué à leur cause. Mais ceci n’est rien… Il s’imagine avoir cloué au pilori, dans sa pièce, revendications et revendicatrices. Comment cela ? En nous montrant une épouse bourgeoise incapable, parce qu’on ne le lui a pas appris, de donner un ordre de Bourse, d’exposer un projet parlementaire et de comprendre le jargon juridique. Comme si c’était là des tours de force exclusivement réservés aux cerveaux masculins ! Il ne fut pas difficile aux « éclaireuses » d’alors d’éclairer le jugement de ce nigaud pédantesque. Il apportait au contraire une démonstration de la nécessité où se trouve la femme de n’être plus exclue de certaines études, afin de pouvoir à l’occasion se défendre contre les pièges tendus à sa traditionnelle inexpérience, voulue et entretenue par les hommes.

Certaines fortes têtes du socialisme sont plus butées encore. Proudhon, par exemple, est déchaîné. Mais ce robuste sectaire n’a