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juges naturels des commerçantes sont des commerçantes[1] ». Sous une forme moins précise, Gabet émet les mêmes vœux dans le Voyage en Icarie. « Tous les Icariens, dit un des personnages du roman, sont jugés par leurs pairs, les fautes féminines commises dans les ateliers sont jugées par les compagnes de l’atelier ; pour les autres fautes les femmes seraient jugées par leurs amies ou dans leur famille[2]. » D’ailleurs, ajoute le galant Icarien, ces tribunaux ont bien rarement occasion de se constituer, car dans la bienheureuse Icarie les femmes sont des anges doués de toutes vertus.

Une revendication toute particulière à l’époque qui nous occupe est présentée par Mme de Mauchamp, dans une pétition adressée à la Chambre des députés, en date du 1er  juillet 1836 : il s’agit du droit pour les femmes d’être gérantes responsables d’un journal. Les femmes pouvaient bien, en effet, comme en fait cela arriva souvent, être propriétaires d’un journal ; mais la loi leur inter-

  1. La Gazette des Femmes, numéro de mars 1837.
  2. Cadet, Voyage en Icarie, chap. xiii.