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Une vingtaine de couvents au moins, disséminés dans presque tous les quartiers de Paris, ont ouvert des écoles de charité : filles de la Croix, de la Trinité, de Saint-Gervais, de Sainte-Geneviève, de l’Enfant-Jésus ; de Sainte-Geneviève, à Saint-Etienne-du-Mont et à Miramions ; de Sainte-Agnès, de l’Adoration perpétuelle du Saint-Sacrement, de Notre-Dame de la Miséricorde, du Saint-Nom de Jésus, de Saint-Joseph, sœurs de l’Hôpital de la Salpétrière, sœurs grises, sont vouées à l’enseignement féminin[1]. Les unes, filles de Saint-Gervais, de la Trinité, de Saint-Joseph, de Sainte-Agnès, distribuent un enseignement payant aux jeunes filles de la bourgeoisie et, de surcroît, ouvrent des cours d’externes aux filles du peuple. D’autres (filles Saint-Joseph), donnent l’enseignement et la pension à des conditions de bon marché telles que la toute petite bourgeoisie et les artisans aisés puissent y placer leurs filles[2]. Les autres, enfin (filles de la Croix, filles de la Miséricorde, sœurs grises, sœurs de la Salpétrière), sont tout spécialement vouées à l’enseignement des filles pauvres. Les sœurs grises, en particulier, congrégation laïque dont tous les contemporains, même hostiles aux couvents, vantent l’intelligente activité et l’inlassable dévouement et qui, également religieuses hospitalières, fournissent les meilleures gardes-malades, ont ouvert à Paris plus de trente maisons d’école pour les filles pauvres.

Naturellement, l’instruction distribuée par les sœurs reste rudimentaire : la lecture, l’écriture, les premières notions d’arithmétique, le cathéchisme en forment la base. Cependant les préoccupations pratiques se font jour. Et quelques-uns des établissements religieux (sœurs grises, filles du Saint-Nom de Jésus) visent à permettre aux jeunes fille d’accomplir leurs devoirs ménagers : on apprend aux enfants à travailler, c’est-à-dire la couture et la broderie. L’école tenue par les sœurs de Sainte-Agnès est une véritable école professionnelle où cinq cents jeunes filles apprennent à coudre le linge et toutes les sortes de broderie[3].

Les écoles de charité établies par les sœurs représentent donc un effort assez sérieux pour développer l’instruction du peuple et lui donner une tournure pratique.

Quant aux petites écoles, elles sont très nombreuses. On trouve, en 1736, 170 écoles de filles pour 190 écoles de garçons, pourvues presque toutes d’une maîtresse d’école et distribuant l’enseigne-

  1. Jézé. Loc. cit.
  2. 150 livres par an. Ibid.
  3. Ibid.