Page:Abensour - La Femme et le Féminisme avant la Révolution, 1923.djvu/95

Cette page n’a pas encore été corrigée

Nombre d’assez importantes provinces n’ont pu, au contraire, n’organiser que d’une manière intermittente, sur certains points disséminés, l’enseignement féminin. En Bretagne, les Ursulines, les Calvairiennes, les Augustines ont établi des écoles à Nantes, Rennes, Saint-Malo, Quimper, Quimperlé, Morlaix, Carhaix, Sainte-Croix, Saint-Pol-de-Léon.

Parfois, ici comme ailleurs, un particulier fait dans telle localité les frais d’une école. Ces écoles, comme d’ailleurs celles des hommes, sont proportionnellement beaucoup moins nombreuses que dans les autres provinces et le progrès de l’instruction primaire est peu marqué. Si l’on trouve dans les régions qui correspondent aux départements de l’Ille-et-Vilaine et de la Loire-Inférieure une proportion de 14 femmes et de 11 femmes lettrées (au lieu de 13 et 9 au siècle précédent), cette proportion descend à 9 pour les Côtes-du-Nord et à 6 pour le Finistère et le Morbihan, ne marquant qu’une insignifiante augmentation.

En Artois, on trouve bien, à Calais, les sœurs de la Providence et les sœurs de l’Institut du Père Baré pour l’instruction gratuite des jeunes filles[1], ainsi que deux écoles de charité à Lestrem[2]. Mais, d’une enquête faite en 1790 par l’abbé Grégoire, il résulte qu’il y a à cette date, dans le Pas-de-Calais, peu de maîtresses[3].

En Provence, les écoles de Bernardines, assez nombreuses au xviiie siècle, sont surtout consacrées à l’enseignement de la bourgeoisie. Les Ursulines, les Clarisses, les Franciscaines, les filles de Saint-Sauveur et du Saint-Sacrement ont des établissements à Marseille, Arles, Aix, La Ciotat[4], et enseignent concurremment la bourgeoisie et le peuple.

Quelques budgets municipaux ou ecclésiastiques prévoient dans telle localité un traitement pour le maître et pour la maîtresse. Il en est ainsi à Digne où, dès le xviie siècle, on trouve une femme chargée d’enseigner la lecture et la couture, à Max, à Annot (Basses-Alpes), à Claviers et Flayox, et à Seillans (Var). Mais en somme ces écoles sont peu nombreuses. Il en est de même dans le Roussillon. On trouve bien, établies à Perpignan, des religieuses de Sainte-

  1. Arch. dép., Pas-de-Calais, B. 99 et C. 195.
  2. Ibid., B. 358.
  3. Dictionnaire de pédagogie : art. Pas-de-Calais.
  4. Arch. nat., D. XIX, 1.