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Les maîtresses y enseignent à écrire, lire, coudre, filer et les toutes premières notions d’arithmétique.

Dans tel bourg comme Grandcamp, une école de filles distribue un enseignement surtout religieux. À Alençon, les filles de la communauté de Notre-Dame d’Alençon apprennent gratuitement aux filles à prier, à lire, à écrire, à travailler un ouvrage de tapisserie et de dentelle. Les sœurs de l’hôpital de Bayeux ont également ouvert une classe où les filles pauvres apprennent à faire des bas, des camisoles et de la dentelle[1].

Un autre établissement, fondé en 1676 par Elisabeth de Farcy, sœur du Trésorier de France à Alençon, sous le nom d’Union Chrétienne des Nouveaux et Nouvelles converties, distribue aux uns et aux autres un enseignement analogue et, naturellement, surtout religieux[2].

Au témoignage des échevins de Rouen qui, en 1785, firent une tournée d’inspection dans le diocèse, les Ursulines de Rouen, d’Eu et du Havre s’acquittaient assez bien de leur mission. « Elles enseignaient, dit leur rapport, les maximes du véritable chrétien, à lire, à écrire et toutes sortes d’ouvrages de dames, en sorte que la ville a sujet de satisfaction[3]. »

En Picardie, une tentative a été faite, à la fin du xviie siècle, par neuf jeunes filles d’Amiens qui, en 1688, se vouèrent à l’enseignement des jeunes filles, s’organisèrent en congrégation séculière et s’affilièrent à la congrégation de Sainte-Geneviève[4]. Nous ne connaissons pas le résultat de leurs tentatives ; du moins témoignent-elles d’un état d’esprit favorable à l’instruction des filles et nous verrons qu’une très curieuse tentative fut faite, dans la subdélégation de Roye, pour organiser un enseignement professionnel féminin.

En Lorraine, également, le nombre des écoles de filles paraît assez considérable. Au cours du xviiie siècle, les fondations scolaires sont nombreuses. Curés, conseils de ville, particuliers y prennent part. À la veille de la Révolution, il existe des écoles de filles dans la plupart des localités importantes : Nancy, Toul, Remiremont, Saint-Nicolas-du-Port, Badonvillers, et dans nombre de

  1. Arch. dép., Calvados, H. 1096.
  2. Arch. dép., Orne, H. 4.
  3. Arch. dép., Seine-Inférieure, D. 403.
  4. Arch. dép., Somme, C. 435.