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vents dans toutes les provinces françaises[1], où elles distribuent l’enseignement primaire. Ces couvents ne sont d’ailleurs le plus généralement établis que dans les villes ou les localités un peu importantes et non dans les villages.

Aux xviie et xviiie siècles, le gouvernement royal se préoccupa de la situation de ces villages et, par plusieurs ordonnances, tenta d’y organiser à la fois l’enseignement féminin et l’enseignement masculin. « Voulons, dit la déclaration royale du 14 mai 1724, reprenant les dispositions d’une ordonnance promulguée par Louis XIV le 13 décembre 1698, voulons qu’on établisse maîtres et maîtresses dans toutes les paroisses où il n’y en a point. »

La même ordonnance fixe à 120 livres le traitement des maîtres et à 100 livres celui des maîtresses. Elle établit que, dans les paroisses où il n’y aurait point de maître ou de maîtresse, les officiers municipaux doivent, après en avoir délibéré avec l’évêque, se faire autoriser par l’intendant à leur institution. Elle spécifie enfin que tous pères, mères et tuteurs doivent envoyer leurs enfants à l’école[2]. Voilà donc introduit, dès 1724, le principe de l’obligation scolaire. Le principe resta, il est vrai, platonique. Mais l’établissement de deux écoles dans chaque paroisse apparut comme l’un des devoirs essentiels de l’administration ; un certain nombre d’intendants le comprirent et ouvrirent des écoles dans leur généralité.

Les conseils de ville songèrent eux aussi à établir des écoles, surtout pour les garçons, mais également parfois pour les filles. Et au xviiie siècle, particulièrement dans le quart de siècle qui précède la Révolution, nous les voyons dans telle région, comme le Dauphiné, prendre en ce sens de fréquentes initiatives. Enfin, et ceci témoigne qu’en fait, tous ces efforts étaient loin d’être partout et toujours couronnés de succès, un assez grand nombre de particuliers affectent soit de leur vivant, soit après leur mort par dispositions testamentaires, les revenus de sommes minimes ou importantes à la création ou l’entretien d’écoles : ecclésiastiques, nobles dames, universitaires, simples bourgeoises tiennent à cœur de doter d’un établissement d’enseignement primaire leur cité natale.

  1. Cf. Arch. Nat., D. XIX, 1 à 17. Presque toutes les localités importantes de chaque diocèse possèdent un établissement de religieuses assurant l’enseignement aux jeunes filles pauvres. Le chef-lieu des diocèses en a souvent plusieurs. Mais parfois, dans des bourgs comme Saint-Léonard (diocèse de Limoges), Orbec (diocèse de Lisieux), Le Fahouet, Carhaix (diocèse de Quimper), on trouve une ou plusieurs écoles religieuses de filles (Arch. Nat., D. XIX, 3, 4 et 5).
  2. La Poix de Fréminville. Traité du gouvernement spirituel et temporel des paroisses.