Page:Abensour - La Femme et le Féminisme avant la Révolution, 1923.djvu/69

Cette page n’a pas encore été corrigée

CHAPITRE II
l’éducation et l’instruction féminines au xviiie siècle
i. Idéal d’éducation féminine au début du siècle : Fénelon. — ii. Mme de Maintenon et Saint-Cyr. — iii. Instruction secondaire des hautes classes. — iv. Instruction de la bourgeoisie. — v. L’instruction primaire féminine. — vi. Ses insuffisances et ses lacunes.
i. Idéal d’éducation féminine au début du siècle : Fénelon

C’est, lorsque l’on aborde cette étude, la même difficulté que lorsqu’on essaye de se représenter la condition légale de la femme. Comment donner une idée d’ensemble de l’éducation féminine lorsqu’aucunc mesure générale ne s’y applique, aucune institution universelle n’y répond, lorsque les conceptions pédagogiques et les programmes d’enseignement varient suivant les classes sociales et les provinces, voire suivant les familles, lorsque, surtout, pour de longues années et d’assez vastes régions, il est impossible de recueillir, particulièrement en ce qui concerne l’éducation des filles du peuple, et même des filles de la noblesse et de la bourgeoisie, aucun renseignement précis ? Aussi aucun bon ouvrage d’ensemble sur l’enseignement des filles au xviiie siècle n’a-t-il paru jusqu’ici[1] ; des monographies seulement, celles-ci consacrées à un système, à une éducation, ou à un établissement, celles-là à l’instruction populaire dans telle ou telle région[2]. Et

  1. À l’exception du bon ouvrage de Rousselot : Histoire de l’éducation des filles (Paris, 1884), qui est surtout une histoire des théories.
  2. Il existe de nombreux ouvrages sur la Maison Royale de Saint-Cyr. Par 3xemple celui de Théophile Lavallée (Paris, 1859). De même, le personnage et les idées de Mme de Maintenon, comme celui de Mme de Genlis, ont été fréquemment étudiés (Cf. Chabaud : Les précurseurs du féminisme : Mme de Maintenon,