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CHAPITRE VI
INFLUENCE DES IDÉES FÉMINISTES
i. Pas de mouvement féministe au xviiie siècle. Pourquoi ? — ii. La question féminine et les cahiers des États Généraux. — iii. Les revendications en dehors des cahiers. — iv. Les femmes et le problème de la reconstitution nationale.
i. Pas de mouvement féministe au xviiie siècle

« Je suis toujours étonné, fait dire à l’un de ses héros une femme de lettres, que les femmes ne se soient pas encore liguées entre elles, qu’elles n’aient pas imaginé de former un corps à part afin de pouvoir se venger des injustices que leur font les hommes. Que ne puis-je vivre assez longtemps pour les voir faire un aussi heureux usage de leur courage ! Mais, jusqu’à présent, elles ont été trop coquettes et trop dissipées pour s’occuper sérieusement des intérêts de leur sexe ! [1] »

Romancière pourtant peu hardie, Mme de Robert semble annoncer dans ses œuvres et prévoir ces associations féministes qui, dans tous les pays du monde, se constitueront au xixe siècle et réussiront seules à arracher aux gouvernements et à l’opinion la reconnaissance des droits féminins.

Au xviiie siècle, s’il y a des aspirations féministes, si les hommes comme les femmes les ressentent et les expriment, s’il y a bien un courant d’opinion féministe au sens propre du terme, jamais, comme le constate très justement Mme de Robert, des femmes ne se réunissent pour engager, avec l’aide des écrivains favorables, la lutte pour leurs droits. Contraste frappant avec la période révolutionnaire cil, dès qu’il y a idées féministes, il y a, sauf pendant de très courtes durées, mouvements féministes. Quelles sont les

  1. Mme de Robert. Voyage de Milord Céton dans les sept planètes.