Page:Abensour - La Femme et le Féminisme avant la Révolution, 1923.djvu/419

Cette page n’a pas encore été corrigée

d’ailleurs assez riche. Elle contient des ouvrages historiques portant, non seulement sur l’histoire ancienne et l’histoire de France, mais sur celle du Japon et du Paraguay, de nombreuses grammaires, de plus nombreux spectacles de la nature, mais très peu de littérature, aucun ouvrage de science, aucune œuvre d’imagination.

Avec l’abbé Le More, Riballier, Mme  de Miremont, Mme  de Genlis, apparaissent les programmes encyclopédiques. Les deux premiers « ne séparent point l’éducation des filles de celle des garçons » [1], Et tandis que l’abbé Le More veut, à partir de douze ans, inculquer à toutes les jeunes filles les disciplines classiques (sans d’ailleurs l’étude des langues anciennes), l’histoire, la géographie, la logique, la médecine même et la jurisprudence, excluant seulement de l’enseignement féminin les hautes mathématiques et les langues vivantes, Riballier, repoussant les études frivoles, bagage ordinaire des jeunes filles (danse, dessin, musique, histoire et géographie), demande une forte culture de hautes sciences et, en outre, une éducation sportive (armes, équitation, course, mail, port de fardeaux), qui doit rendre la jeune fille capable de concourir dans des épreuves, physiques et intellectuelles, avec les garçons, l’égale de l’homme.

La comtesse de Miremont veut former la raison et développer le goût des jeunes filles. Après les avoir, de sept à quatorze ans, initiées aux talents agréables et leur avoir fourni des notions de science, d’histoire, de religion, de littérature, elle leur fait aborder la logique, la morale, la physique expérimentale, la physiologie, la chimie, la psychologie ; par l’étude comparée des littératures, elle développe leur goût naturel, comme par l’étude comparée de l’histoire, leur faculté de raisonnement.

Avec Mme  de Genlis, la prétention encyclopédique s’étale : Il faut à la jeune fille idéale, dit Mme  de Genlis, « une raison solide, un esprit orné, une teinture superficielle, mais générale des sciences, tous les talents agréables, qu’elle sache plusieurs langues, qu’elle conduise la maison comme une bonne ménagère[2] ».

Dès sa plus tendre enfance, la jeune Adèle apprendra, en même temps que sa langue maternelle, une langue étrangère, qu’elle entendra parler à une gouvernante, et, au moyen, non des auteurs classiques, mais d’ouvrages faits spécialement à l’usage de l’en-

  1. Abbé le More. Principes d’institution.
  2. Adèle et Théodore.