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CHAPITRE II
LA NATURE DE LA FEMME
i. Les théoriciens de l’égalité absolue. — ii. Voltaire : ses hésitations et ses contradictions. — iii. Rousseau chef de l’école antiféministe.


Le christianisme, la loi romaine ont envisagé l’assujettissement des femmes, non comme un phénomène accidentel qui aurait pu ne pas être, mais comme l’une des parties essentielles de l’ordre universel. Cet assujettissement est déterminé, par la nature imparfaite de la femme qui, pour le juriste romain, est, un fait qu’il faut accepter sans commentaire pour le théologien, une conséquence de la volonté du Créateur. La théologie catholique et le droit romain forment, à la veille de la Révolution française, les assises de la société et la conception commune des droits et des devoirs de la femme. Qui veut donc réformer la condition des femmes, soit les émanciper plus complètement et mettre les lois d’accord avec les mœurs, soit les assujettir tout à fait et remettre les mœurs en harmonie avec les lois, doit donc s’efforcer de détruire les idées chrétiennes et romaines sur la nature de la femme ou d’en montrer le bien fondé.

La question capitale est donc celle-ci : quelle est la nature de la femme et quelle est la vraie place que lui assigne l’ordre naturel ? Cette question, résolue, entraînera la solution de toutes les autres.

Pour les uns, toute l’école libérale de Montesquieu, d’Helvétius, de Voltaire, dont relèvent tous les féministes, l’infériorité actuelle de la femme est non un fait nécessaire, mais simplement contingent. Les circonstances seules l’ont amenée, les circonstances peuvent la faire disparaître.