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eux aussi, ainsi que maint auteur du xviie siècle, et Poulain de la Barre en particulier, leur ont donné l’exemple, descendent dans l’arène. Thomas, qui fut le protégé de Mme  Geoffrin, présente, en 1772, à l’Académie française l’Essai sur le caractère et les mœurs des femmes d’après les différents siècles. Boudier de Villemert écrit l’Ami des femmes et la Philosophie du beau sexe. L’un et l’autre de ces ouvrages furent lus avec intérêt (le dernier tira sept éditions), et passionnément commentés. Celui de Thomas suscita mainte critique et attira l’attention des écrivains les plus marquants. Il est d’ailleurs la plus intéressante étude historique que l’on eut écrite jusqu’à cette époque sur l’évolution du caractère et de la condition des femmes.

Nous ne citons que les plus remarquables des apologies. Mais il en est beaucoup d’autres et l’on ne se contente pas d’en écrire de nouvelles, on réédite les anciennes, telle celle de Cornélius Agrippa[1].

À côté des apologies prennent place les études sur les femmes célèbres présentées soit sous forme de dictionnaire[2], soit sous forme ouvrages historiques proprement dits[3].

Les grandes reines de l’antiquité et de l’histoire moderne, les femmes de lettres, les religieuses déploient devant le public en une très complète galerie[4]. Tel auteur peu connu, mais dont les conceptions sur le rôle des femmes sont fort neuves, prend texte d’une histoire des amazones pour développer, avec talent, ses idées féministes[5].

La question féministe est également portée à la scène. Non, à part l’exception signalée pour Voltaire, dans les tragédies qui sont mortes, mais dans la comédie qui évolue suivant de près les mœurs et l’esprit du siècle. Le théâtre de Marivaux est, a-t-on dit, féministe. La femme en effet y tient une très grande place et elle y apparaît comme elle l’est à son époque, lorsque le sort l’a fait naître dans les classes élevées : fine, positive et presque maîtresse de ses actions. Beaumarchais, qui ne reste indifférent à aucune des grandes questions qui s’agitent de son temps est, lui aussi, féministe, et une profonde boutade du Mariage de Figaro le montre.

Les pièces de Nivelle de la Chaussée, de Destouches, d’Allainval, de Saurin, mettent à la scène la question du mariage : affection,

  1. Gueudeville. De la précellence du sexe féminin.
  2. Dictionnaire des femmes célèbres ; Histoire littéraire des femmes françaises, par l’abbé de la Porte.
  3. Robert de Bury. Les femmes célèbres.
  4. Galerie des femmes célèbres. — Alletz. L’esprit des femmes célèbres.
  5. Abbé Guison. Histoire des amazones.