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dame Petit de Moissac, que nous avons déjà citée, possède, dans la baronnie de Montasmet, « la plénitude de la justice, en partage avec le roi, comme vicomte d’Aspet, le droit de lods et ventes, le droit de création de conseils avec livrée, le droit d’établir procureur, bailli et autres officiers de la justice[1] ». Son château seigneurial renferme une prison où prennent place ceux que son tribunal a condamnés.

La dame Richefouilh possède également la plénitude de la justice qui est exercée en son nom par le juge de Salies, mais elle a le droit de créer un bailli avec pouvoir juridictionnel[2].

La dame Marguerite Pégot tient les droits de justice, le droit de lever les dîmes, le droit de nommer des conseils, le droit de fourrage et de corvée. L’acte de vente, qui fut passé lorsqu’elle céda les domaines qu’elle avait tenus de 1743 à 1771, nous énumère, d’une façon plus précise encore, ses prérogatives.

Pendant vingt-huit années, Marguerite Pégot a exercé « la plénitude de la justice avec pouvoir de créer un juge et un bailli, un greffier et un procureur ; elle a eu la dîme du four, le droit de taverne et de boucherie, le droit d’exiger une redevance générale de la communauté et une particulière de chaque individu, le droit de lever du fourrage de deux mesures de blé, le droit de choisir deux consuls sur quatre et de leur faire prêter serment[3] ».

Les abbesses des plus puissantes abbayes détiennent, nous l’avons vu, les mêmes droits politiques. Elles aussi, se comportent en véritables détentrices de fiefs, rendant par leur procureur haute et basse justice, nommant les magistrats municipaux[4].

ii. Droits politiques de la femme du peuple

La femme du peuple elle-même n’est pas absolument privée de droits politiques. Et elle participe, dans une certaine mesure, d’ailleurs fort restreinte, à l’exercice de ceux que, ça et là, les hommes conservent, vestiges de libertés communales ou d’institutions plus anciennes encore.

La participation des femmes aux assemblées d’habitants, qui se tiennent dans les villes et villages pour régler les affaires de la communauté, fut au xviie siècle et xviiie siècle, un fait assez général.

  1. Arch. Départ., Ariège, B. 138.
  2. Ibid.
  3. Ibid.
  4. Cf. supra. Les religieuses.