Page:Abensour - La Femme et le Féminisme avant la Révolution, 1923.djvu/359

Cette page n’a pas encore été corrigée

CHAPITRE IX


LES DROITS POLITIQUES DE LA FEMME
À LA FIN DE L’ANCIEN RÉGIME


i. Les droits seigneuriaux. — ii. Droits politiques de la femme du peuple. —
iii. Les États provinciaux. — Les États Généraux.


Nous avons vu la femme tenir, par la tolérance des mœurs et les obligations de la vie de Cour, les nécessités économiques et souvent la fécondité de ses initiatives, une grande place dans la vie de la France, nous l’avons vu participer d’elle-même et fort activement, à la politique, contribuer à faire l’opinion et souvent jouer un rôle plus actif. Ceci, en dépit d’une législation qui, strictement appliquée, eut dû interdire aux femmes toute vie extérieure. Mais, à côté de l’exercice d’une activité politique ou professionnelle, qui est pour elle une conquête sur les lois et les préjugés, il est une autre forme d’activité que la femme exerça en vertu des lois et des coutumes existantes, coutumes qui tendaient, il est vrai, à tomber en désuétude mais qui, dans leur ensemble, étaient encore en vigueur à la veille de la Révolution. Nous voulons parler de la place tenue par les femmes dans l’organisation féodale de la propriété, et des droits politiques qui, à la fin de l’ancien régime comme au moyen-âge, continuaient à lui être dévolus.

i. Les droits seigneuriaux

Si l’esprit de la féodalité s’est presque complètement évanoui, l’armature féodale subsiste ; à la veille de la Révolution comme à l’époque de saint Louis, c’est non seulement tous les titres de noblesse qui se sont maintenus, mais l’organisation féodale de la propriété foncière et la hiérarchie purement formelle il est vrai, la plupart du temps, mais qui conserve son apparence régulière de pyramide : le roi au sommet, les paysans à la base, aux degrés