Mme de la Roche-Guillen écrit une assez fade histoire des favorites.
La présidente d’Arconville fait paraître une vie de Catherine de Médicis et une histoire du cardinal d’Ossart qui manquent de mouvement et de vie mais qui ont, du moins de l’avis des critiques contemporains, le mérite de la simplicité et de l’exactitude.
Son Discours sur la naissance et les progrès de la chimie, moins scientifique qu’historique, en dépit du titre, est l’une des rares spéculations sur la préhistoire que nous ait laissé le xviiie siècle. On y trouverait d’intéressants aperçus sur l’origine des arts industriels.
S’exerçant dans un genre fort à la mode à la veille de la Révolution, Mme de Saint-Chamond écrit des éloges de Sully et de Descartes qui contiennent, le dernier surtout, des pages assez bien venues. Mme de Reteau du Frêne, enfin, publie une histoire de Bourgogne.
Dans la critique littéraire, une seule femme s’est fait un grand nom : Mme Dacier, la traductrice d’Homère, qui, malgré sa célébrité européenne, fut toujours le contraire d’un bas-bleu. Non seulement ses traductions de l’Iliade et de l’Odyssée ont fait époque, mais elle joua, dans la querelle des anciens et des modernes, un rôle prépondérant. Elle soutint les anciens, et son traité : Des causes de la corruption du goût où, avec science et finesse, elle les défendait, fut « reçu avec des applaudissements ».
Un peu oubliée aujourd’hui, Mme Dacier fut l’une des lumières de son époque.
Les autres femmes qui ont suivi ses traces n’eurent ni son talent, ni son autorité : Mme Belot, veuve du président de Mesnières, fit paraître les Réflexions d’une provinciale sur le discours sur l’inégalité, de Jean-Jacques Rousseau. Elle s’y montre raisonnable et sensée plus que brillante. Quelques années plus tard, Mme Dupin critiqua l’Esprit des lois, et ses Observations sur cet ouvrage lui donnèrent la réputation d’une tête politique.
En 1788, Mme de Staël débuta dans la vie littéraire par des Lettres sur les ouvrages et le caractère de Rousseau où ne manquent ni la verve, ni la pénétration. Enfin, les études philosophiques et sociales sont représentées par les très nombreuses femmes qui, à la fin du siècle surtout, écrivirent des traités sur l’éducation[1] : par Mme Belot qui prit part à la controverse sur la noblesse commerçante ; par Mme de Genlis qui se tailla une réputation de pédagogue.
- ↑ Cf. Infra.