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CHAPITRE VI
LA FEMME DU PEUPLE
i. Les femmes dans les corporations avant 1774. — ii. Les femmes dans la grande industrie. — iii. Les Édits de 1776 et de 1777 et la place des femmes dans la vie corporative. — iv. Essais d’instruction professionnelle. — v. Une catégorie d’ouvrières : les marchandes de mode. — vi. La vie des ouvrières. — vii. Les actrices. — viii. Métiers féminins autres que les métiers manuels. Fonctions bureaucratiques. — ix. Les sages-femmes. La direction des hôpitaux. — x. Les domestiques. — xi. Galanterie et prostitution. — xii. Les paysannes, leur vie matérielle. Leur rôle dans la communauté villageoise, leur vie morale. — xiii. L’esprit public féminin. — xiv. Encouragements à la maternité.
Le peuple des villes. Conditions générales du travail féminin

Lorsqu’on considère l’activité assez grande, nous l’avons vu, déployée par la femme de la noblesse et par celle de la bourgeoisie dans le commerce et l’industrie, on n’est pas étonné de voir la femme du peuple, elle aussi, tenir dans la vie économique, professionnelle de la France du xviiie siècle une place considérable. C’est là un fait important et qui, jusqu’ici, n’a pas semblé attirer autant qu’il le mérite l’attention des historiens. On s’imagine volontiers, en effet, et c’est là une des idées les plus communément admises, que le développement du travail féminin date, en France comme dans les autres pays, des débuts de l’ère de la grande industrie, c’est-à-dire du xixe siècle seulement, et qu’auparavant le travail des femmes, même dans la classe pauvre, était non la règle mais l’exception.

En réalité, si l’on recherche quelles sont les causes profondes qui, en dehors de la transformation industrielle, ont fait qu’aux différentes époques une nécessité aux femmes du peuple de ne pas s’en remettre au mari seul du soin d’entretenir le ménage et de gagner