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moires[1]. Ce plaidoyer ne fut pas sans effet. « Il paraît certain, dit l’historien de Mme  Geoffrin, que cette lettre ne fut pas étrangère au parti qui fut pris de reconnaître l’élu de la Diète et d’accepter son envoyé officiel. »

Ce sont là des aspects brillants, mais fort rares, de la vie de la femme bourgeoise. Il est bien plus fréquent en revanche de la voir jouer un rôle économique important. Mercier le dit avec raison : « La femme, à Paris, est consultée sur toutes les affaires ; sans elle, aucune affaire ne se conclut. » Son observation s’appliquerait aussi bien aux autres régions de la France.

Car c’est à peu près dans toute la France que nous voyons soit des femmes étroitement associées aux affaires de leurs maris, soit, veuves, en continuer la gestion, souvent d’ailleurs avec esprit d’initiative et succès.

Un coup d’œil sur les archives départementales nous montrera combien fut varié le rôle des bourgeoises et quelle place elles tinrent dans la vie économique de nos provinces françaises. À Paris et dans l’Ile de France il est bien exact que, selon le mot de Mercier, nulle transaction ne se conclue sans qu’elles y aient part et qu’elles soient, dans toute l’acception du terme, les collaboratrices et associées de leurs maris. Presque tous les actes signés par des commerçants ou de simples baux, quittances, contrats de toute nature sont contresignés par leur femmes. C’est bien à une véritable société commerciale composée du mari et de la femme que semblent avoir affaire les tiers[2].

Les bourgeoises qui possèdent des terres s’occupent, tout comme les femmes de hobereaux, de les mettre en valeur.

Ici, des femmes, mariées ou veuves, défrichent leurs terres et y introduisent les nouvelles cultures (pommes de terre, tabac) ; là, elles exploitent les ressources de leurs rivières ou de leurs étangs, organisent l’industrie de la pêche. Mais c’est leur rôle industriel surtout qui apparaît important.

Nous voyons fréquemment des femmes faire ouvrir et exploiter des mines. Hélène-Victoire Danjeau, par exemple, qui s’associe avec les Pâris-Duverney pour l’exploitation des mines de Pon-

  1. De Ségur. Le royaume de la rue Saint-Honoré.
  2. Arch. Départ., Seine, Seine-et-Oise, E., passim.