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CHAPITRE V
LA FEMME DE LA BOURGEOISIE
i. Bourgeoisie de finance. — ii. Bourgeoisie parlementaire. Le rôle politique des femmes de magistrats. — iii. Moyenne bourgeoisie parisienne et provinciale : son rôle économique. — iv. Petite bourgeoisie. — v. Rôle charitable de la femme bourgeoise.
i. Bourgeoisie de finance

Loin d’être une classe homogène, la bourgeoisie était, à la fin de l’ancien régime, un ordre composé d’une infinité de classes sociales superposées, les premières s’étant presque assimilées à la noblesse, les dernières restant toujours proches du peuple.

La condition et la vie de la femme bourgeoise est un reflet fidèle de la diversité de ces conditions.

Au sommet de la bourgeoisie brille, surtout à Paris, la ploutocratie des fermiers généraux, traitants, financiers.

Leurs femmes viennent des régions les plus diverses de la société : les unes appartiennent, c’est le cas par exemple de Mme d’Epinay, à la noblesse ; d’autres, comme Mme Helvétius ou Mme de la Poplinière, à la bourgeoisie riche ; d’autres, comme les financiers eux-mêmes, viennent du peuple. Une marchande à la toilette de Lyon, surnommée la Raison, d’abord maîtresse, puis femme d’Olivier de Senozan, fait avec lui souche de gentilshommes[1].

Quant aux filles des princes de la finance, elles sortent presque toutes de la bourgeoisie pour passer, par un brillant mariage, dans la noblesse et elles contribuèrent à cette fusion entre les classes de la haute société que signale si bien M. Carré. C’est par dizaines que l’on pourrait citer des exemples de filles de traitants, mariées à des grands seigneurs. « La fille de Berthelot de Pleneuf devint marquise

  1. Thirion. Vie privée des financiers.