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devant le Parlement de Paris, Mme  de Pompadour aurait reçu (s’il faut en croire ses mémoires et ses lettres apocryphes) un très grand nombre de lettres de curés, d’évêques et de l’archevêque de Paris lui-même la suppliant d’arrêter l’action du Parlement. Elle aurait toujours refusé d’y faire la réponse qu’ils attendaient.

Sans que nous ayons sur ce point des preuves formelles, il est j donc vraisemblable que, si Mme  de Pompadour n’agit pas directement contre les jésuites, du moins empêcha-t-elle le roi de s’opposer aux mesures prises contre eux par le Parlement. Comment ne pas croire que cet état d’esprit du roi qui, s’il adoucit l’arrêt du Parlement condamnant les jésuites, ne fit du moins aucune tentative pour les sauver, ce ne soit pas Mme  de Pompadour qui l’ait créé ? Il semble bien qu’il faille modifier le point de vue de M. de Nolhac suivant lequel elle n’aurait joué dans la destruction des jésuites aucun rôle.

« Je reçois un gros paquet de lettres d’évêques, lui fait-on écrire à une de ses amies, je vais prier ces évêques de me laisser tranquille et de me donner leur sainte bénédiction. »

« Pour vos jésuites, aurait-elle mandé à l’archevêque de Paris, je les abandonne à la justice du Parlement… Il me serait impossible de les servir et, quand je le pourrais, je ne le voudrais pas… Je vous prie donc, Monseigneur, de laisser le roi en paix et de vous souvenir que vous êtes sujet avant d’être évêque. » On peut admettre que ces lettres qui parurent du vivant même de la favorite sont l’écho parfois fidèle des opinions contemporaines sur Mme  de Pompadour et parfois de faits réels.

Son attitude n’est-elle pas d’ailleurs très cohérente ? Ennemie des jésuites, amie des parlementaires et sinon amie des jansénistes, du moins défavorable à une politique de persécution contre eux, Mme  de Pompadour est également amie des philosophes ; les biographes de Mme  de Pompadour l’ont déjà dit et le fait est assez connu pour que, puisqu’il ne s’agit pas de refaire la biographie de la favorite, nous ne voulions pas y insister.

Mais rappelons entre autre deux traits :

Les démarches qu’elle fit pour obtenir que d’Alembert, pensionné du roi de Prusse, le fût pour une somme double du gouvernement français. Or, d’Alembert n’est-il pas l’un des hommes les plus représentatif de l’Encyclopédie et de l’esprit encyclopédiste ? On sait d’ailleurs que Mme  de Pompadour favorisa activement cette Encyclopédie dont elle fut lectrice assidue, vanta les avantages à Louis XV et dont, pour que le nom de la marquise soit dans la