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leurs la maîtresse du comte de Maillebois, son neveu par alliance. Pendant quelque temps la faveur de Mme  d’Estrade semble balancer celle de Mme  de Pompadour, mais, en 1751, Mme  d’Estrade est compromise dans l’affaire des Etats d’Artois. Elle est disgraciée, ainsi que Maillebois, et le parti de Mme  de Pompadour triomphe.

La lutte entre les partis va prendre plus d’acuité lorsqu’éclate la querelle des billets de confession. La reine a trouvé dans ses filles lorsqu’elles ont grandi des soutiens actifs et dévoués pour sa politique qui est également celle du dauphin, « politique hostile aux nouveautés philosophiques qui s’insinuaient à Versailles, amie du clergé auquel, à défaut d’appui présent et efficace, elle semblait promettre l’avenir[1] ». Mme  Henriette a d’abord été l’une des dirigeantes de ce parti et son action a été si grande que sa mort, survenue en janvier 1751, jette dans la consternation le parti dévot[2]. Mais Mme  Adélaïde prend à son tour « l’oreille du roi » et son action semble un moment amener l’éloignement de la marquise. L’influence de Mme  Adélaïde sur le dauphin est en effet très grande.

Tandis que le roi hésite à prendre parti dans la lutte entre le Parlement et le clergé, dans son entourage on se prononce nettement.

« Mon cher papa, dit un jour la reine à Christophe de Beaumont, continuez à tenir bon pour la soumission à la bulle ou la religion est perdue en France[3]. »

Et la reine, et Mesdames de France, entraînant à leur suite le dauphin, pressent le roi de prendre nettement parti pour les évêques contre le Parlement. Ils ne cachent pas leur antipathie contre les parlementaires. Au cours du premier exil du Parlement, la reine, poursuivie par une vieille plaideuse qui lui demandait l’aumône, se prétendant ruinée par la cessation des fonctions du Parlement, demanda au maréchal de la Motte ce que veut cette vieille folle ? « Que votre majesté fasse rétablir le Parlement. — J’en serais bien fâchée[4] », répondit la reine, que de telles réponses rendaient fort impopulaire à Paris.

Mais « une main souterraine » empêchait le roi de s’abandonner aux ultramontains. Et une double action s’exerçait auprès de lui pour les parlementaires ; d’une part, celle de Mme  de Pompadour,

  1. Aubertin. Loc. cit.
  2. D’Argenson. Loc. cit.
  3. Ibid.
  4. Ibid.