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femmes de la Cour hostiles au cardinal, s’acquiert par l’abbesse de Chelles, sœur du duc d’Orléans, l’appui de la puissante faction des Orléans, et plusieurs femmes de la Cour tiennent sous la présidence de la duchesse de Mazarin un conseil qui dresse un plan de campagne pour la mort du cardinal. L’arrivée aux affaires du cardinal de Tencin est naturellement la disposition maîtresse de ce plan.

D’autres groupes patronnent puissamment Chauvelin et ce sont des femmes encore en particulier Mme  de Mailly, maintenant maîtresse du roi, qui font pour lui une active propagande. Enfin, dès ce moment-là, la reine Marie Leczinska a pris la tête du parti dévot. Aucun de ces partis, d’ailleurs, ne peut parvenir, malgré tous ses efforts, à renverser le cardinal Après la mort de Fleury un parti se groupe autour de Mmes  de Mailly et de Vintimille que soutient Mlle  de Charolais et qui a réussi à porter au pouvoir Chauvelin. Le parti des Tencin et le parti de la reine font campagne contre lui.

À partir de 1743, commence le règne des maîtresses. Nous verrons plus tard quelle fut leur action personnelle dans le gouvernement. Replaçons-les d’abord dans leur milieu, la Cour, et voyons quelle place elles tiennent dans le jeu des partis.

Mme  de Châteauroux qui, sœur de Mmes  de Mailly et de Vintimille, obtient après elles la faveur de Louis XV, est le leader du parti belliqueux qui a porté au pouvoir Chauvelin.

Contre elle, sont groupés tous les tenants du parti contraire, en particulier ceux du parti dévot dont les deux piliers restent la reine et Mme  de Tencin. Mme  de Châteauroux triomphe d’abord, soutenue et encouragée elle-même par la maréchale de Noailles, l’une des femmes politiques les plus actives et les plus remuantes de l’époque ; elle obtient de Louis XV qu’il prenne la tête de ses armées. Les lettres qu’elle lui écrit montrent quels efforts elle déploie pour secouer sa veulerie…[1]. « Vous me tuez, lui dit un jour Louis XV. — Il faut qu’un roi ressuscite », aurait-elle répondu. À peine Mme  de Pompadour a-t-elle commencé son long règne que se produit dans les partis un groupement nouveau. Avec la favorite se rangent les tenants du parti parlementaire et janséniste, les hommes d’affaires et financiers et tout le groupe puissant de spéculateurs dirigé par les Paris-Duverney.

En face, toujours le parti dévot qui compte sur la reine et la princesse de Conti. Par la reine on pèse sur le Dauphin, par la princesse de Conti qui a sur son fils une influence très grande, on tient aussi

  1. Lettre citée par Goncourt : Mme  de Châteauroux.