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cellina qui, dans leur ardeur pour la science religieuse, usent leurs yeux sur l’hébraïque grimoire, saint Jérôme prodigue les éloges et les encouragements. Il a trouvé, écrit-il à l’un de ses correspondants, des disciples plus dociles, plus intelligents parmi les femmes que parmi les hommes. C’est à l’intention de ses disciples féminins que sont faites ces conférences qui attirent l’élite de Rome, pour elles que sont écrits ses plus savants traités ; elles qui lui inspirent la première grande traduction des livres saints, la Vulgate. Certes saint Jérôme ne pesterait pas contre les femmes savantes ! Car quelles femmes plus savantes que les subtiles exégètes qui l’entourent ?

L’Église a beau n’admettre qu’une morale pour les deux sexes, les théologiens encourager les femmes d’élite à la science ; il n’en reste pas moins que, pour l’Église catholique, la femme n’est faite que pour le cloître ou le foyer ; la femme est impropre à toute fonction publique, c’est un des dogmes du droit canon comme du droit mosaïque ; la femme ne saurait s’approcher des autels autrement qu’en pécheresse repentante. Le sacerdoce, qui lui fut accordé si largement par les religions orientales et par le paganisme, lui est formellement interdit par le catholicisme. Au treizième siècle, un pape blâmera des abbesses d’avoir, usurpant les droits du prêtre, confessé et absous quelques-unes de leurs religieuses.

Le féminisme mystique des gnostiques. — Banni de l’orthodoxie, le féminisme trouve sa revan-