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la vie humaine les conduisent à la conception de l’unité de morale. Sans doute Eve porte la part la plus lourde du péché originel. Mais quand, sur la terre, l’homme et la femme se sont, à l’image du premier couple, unis par le mariage, quand ils se sont juré une réciproque fidélité, l’homme serait aussi sacrilège que la femme s’il rompait le pacte conclu devant le Seigneur. Saint Basile, déjà, s’élève contre ces maris mondains qui trompent leurs femmes tout en exigeant d’elles une rigoureuse fidélité.

Les décrétales pontificales, qui interprètent et développent la pensée des Pères de l’Église, n’admettent pas que le mari qui a lui-même trompé sa femme engage contre l’épouse infidèle une action en répudiation. Sénèque d’ailleurs avait déjà posé le principe de l’égalité de devoirs des époux, mais sans, bien entendu, que les juristes romains en tirent la même conséquence.

D’autre part, et ici il se sépare par un infranchissable fossé du judaïsme originel, le christianisme admet que la femme puisse recevoir comme l’homme la lumière spirituelle, que l’intelligence féminine puisse aborder sans défaillir l’étude préparatoire à la contemplation des grands mystères.

Comment d’ailleurs pourrait-il le nier ? N’est-ce pas à l’aide toute-puissante de la femme que l’Église militante doit à Rome ses plus grands succès, comme plus tard, chez les Barbares, l’Église triomphante ? Comme les religions orientales qui s’adressaient aux sens, le christianisme, qui s’adresse au cœur et qui d’autre part donne à l’esprit une plus claire explication du monde que le paganisme desséché, séduit d’abord les femmes, soit le troupeau des