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recèlent — longtemps stériles d’ailleurs — des germes d’émancipation. Une deuxième fois la femme s’arrachera à la servitude. Suivons-la dans les principales stations de son calvaire.

Le christianisme est-il dans son essence même hostile à la femme ? Nulle question plus délicate, plus complète ; elle est tout à fait inextricable si l’on ne distingue d’abord les époques, les courants d’idées, les milieux et surtout les principes et les applications. Semblable à la Déclaration des droits de l’homme, l’enseignement du Christ renferme, dans sa généralité voulue, dans sa compréhensive humanité, l’émancipation de la femme comme celle de tous les opprimés, son exaltation comme celle de tous les humbles. Ni le riche n’est plus que le pauvre, ni l’homme plus que la femme au regard du Père qui les embrasse d’un même amour, qui, au jour du jugement suprême, placera le plus près de son trône ceux qui furent le plus éloignés des grandeurs humaines… les premiers seront les derniers.

Le féminisme est donc contenu dans l’enseignement du Christ, mais en puissance seulement, et sans qu’il se précise jamais. C’est que les pêcheurs du lac de Génésareth ne sont ni des philosophes ni des sophistes ; et pour eux, pour le fils du charpentier dont la formule : « Rendez à César… » résume toute la politique, la question féministe, non plus que tant d’autres, ne se pose pas ! Se poserait-elle, Jésus, dans son immense bonté, dans son désir de réagir contre le despotisme pharisaïque, la résoudrait dans un sens favorable à la femme. Ne relève-t-il pas les pécheresses ?