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élevées, par le consentement de tous les citoyens, aux plus importantes magistratures de la république. Dans un pays où les religions mystiques de l’Asie, avec la prédominance du principe féminin, ont laissé des traces si profondes, il n’est pas étonnant que les femmes soient investies des fonctions religieuses les plus hautes. Nombreuses sont celles qui exercent le pontificat suprême de l’Asie. Sur les inscriptions funéraires retraçant la carrière politique de mainte femme d’Asie, c’est une cascade de titres pompeux : prytanes, démiurges, stéphanophores, agonothètes, gymnasiarques. L’éducation, l’entretien et l’approvisionnement de la ville, l’organisation des fêtes et des jeux incombent à ces magistrates, et nous aimerions à les voir dans l’exercice de leurs fonctions, haranguant le peuple ou délibérant dans la curie avec leurs collègues masculins, aussi habitués sans doute à les voir auprès d’eux que les édiles de Californie à discuter d’hygiène et de tempérance avec les mairesses et les conseillères municipales.

Nous n’avons qu’une liste trop sèche de noms et d’honneurs. Combien elle nous est précieuse cependant ! Voilà des femmes contrôleurs à la monnaie. Voilà des femmes magistrats éponymes et dont le nom figure sur les drachmes des villes pamphyliennes ; voilà (à Syros, à Ténédos, à Thasos) des femmes archontes. Et nous savons aussi qu’elles accomplirent intelligemment et civiquement leur tâche. Car le peuple leur manifeste de mille façons et avec éclat sa reconnaissance. Celles-ci sont nourries au frais de l’État ; celles-là se voient décerner des couronnes ; à d’autres on élève des statues. Telle