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Ne voit-on pas d’autre part les habitants de Lyon élever une statue à la femme de leur gouverneur ? Preuve que celle-ci a participé, ne fût-ce que par des œuvres charitables, au gouvernement de la capitale des Gaules.

Sans doute, il s’agit là d’exceptionnels honneurs, et auxquels pouvaient seules prétendre de hautes et puissantes dames. Mais la masse même a, sinon dans tout l’empire, du moins dans un grand nombre de provinces, détenu, exercé des droits politiques. D’ailleurs, nulle loi électorale n’existant, seule la coutume règne : elle ne se refuse pas de parti pris à faire place aux femmes dans la politique. À Pompéï, des femmes mènent campagne électorale, et par voie d’affiches recommandent aux électeurs tel candidat. Il est vraisemblable — sinon prouvé — qu’elles usèrent pour leur propre compte d’une telle liberté. Ne les voyons-nous pas, dans la même ville, former des associations pour examiner les actes des magistrats municipaux ?

Comment, d’ailleurs, ne supposerions-nous pas que les femmes furent électrices, puisque nous les voyons, dans un grand nombre de provinces, éligibles et même élues aux plus hautes fonctions ? En Italie, telle femme fait partie du sénat de sa ville natale. Une inscription funéraire des Baléares célèbre une femme qui a parcouru brillamment tout le cursus honorum, exercé tous les honneurs, rempli toutes les charges de sa cité.

Mais c’est l’Asie Mineure surtout, et particulièrement cette antique Lycie où dominèrent les Amazones, où régna jusqu’à l’époque historique le matriarcat, qui nous offre, par dizaines, des femmes