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et bien des coutumes contraires subsistent dans les provinces, — la femme se hisse jusqu’à l’administration de la chose publique. La royauté est en fait rétablie, et voici, comme dans l’Orient fabuleux, comme dans les États de l’Europe moderne, des reines qui tiennent d’une main ferme et habile les rênes de l’État. Ce n’est pas seulement en Isabeau de Bavière, en Marguerite de Bourgogne ou en Jeanne de Naples qu’abonde l’histoire de l’empire, c’est en Catherine de Médicis, en Catherine II, en Élisabeth d’Angleterre.

Si traditionalistes soient-ils, les premiers empereurs ont préparé la voie à la domination politique de la femme en investissant leur épouse, leur mère, des dignités les plus hautes du nouveau cursus honorum romain. Octavie, sœur d’Auguste, Livie, sa femme, reçoivent cette puissance tribunitienne qui est l’apanage le plus précieux de l’empereur. Après la mort d’Auguste, le Sénat confère à Livie le titre d’Augusta qui la fait participer à la dignité impériale ; Agrippine assiste aux séances du Sénat, derrière un voile, il est vrai. Plus tard, trois grandes figures de femme apparaissent, les trois plus grandes figures qu’ait produites entre Septime Sévère et Claude le Gothique, le monde romain. Julia Domna, femme de Septime Sévère, mère de Caracalla, grand’tante d’Héliogabale et d’Alexandre Sévère, semble, avec sa beauté éclatante, son charme d’Orientale, son érudition, son goût de la philosophie et son sens précis des affaires, Vénus et Minerve confondues. Elle a sa politique personnelle, qu’elle impose sous Caracalla, simple fantoche entre ses mains, et lorsqu’elle ne paraît pas parmi