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d’Afrania, une loi interdit aux femmes la profession d’avocats plaidants. De même en fut-il de celles d’avoué, de procureur, disent nos vieux juristes ; et pour une raison analogue : Calpurnia, mécontente du peu de cas que le tribunal semblait faire de l’intérêt de son client, entra dans une violente colère et frappa le juge. La raison de Calpurnia valut jusqu’au dix-septième siècle pour écarter les femmes du barreau. Ne pouvant plaider en personne, du moins les femmes romaines trouvèrent-elles un dédommagement dans la profession d’avocat consultant. Sous l’empire, la plaideuse qui fait retentir le forum de ses éclats de voix a disparu. En voici une d’une autre sorte, saisie sur le vif par Juvénal : celle qui fiévreusement compulse ses dossiers et prépare pour des avocats une plaidoirie.

Comme le barreau, la médecine fut accessible aux femmes et le resta tant que dura la civilisation romaine. Les inscriptions nous font connaître un assez grand nombre de doctoresses. Et si, comme nous l’avons vu, les Romains s’indignèrent parfois devant celles qui abordaient les débats du prétoire, nul ne s’étonna de voir des femmes exercer l’art d’Esculape. Et point ne fut besoin — à notre connaissance du moins — de campagne féministe pour leur ouvrir cette profession.

Voici un type plus curieux : les femmes d’affaires. De la même façon et autant que les hommes — ce qui est beaucoup dire — les femmes romaines ont, à la fin de la république et sous l’empire, pris leur part d’une vie financière très intense. Prêts — usuraires selon la coutume — aux particuliers qui briguaient des charges publiques ou aux villes endet-