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jalousement la gloire et les profits de la politique, en fait libéralement partager aux femmes les charges et les douleurs. Hortensia est bien une « rebelle ». Rien de plus féministe, au fond, que son discours. Elle eut d’ailleurs la gloire de faire reculer les triumvirs ; ils revinrent sur leur décision première, et mille des contribuables malgré elles furent exonérées.

Les femmes dans la société impériale : l’accès des professions libérales. — Vers la fin de la République, les femmes romaines — celles du moins de la nobilitas — étaient mûres pour la vie politique, et nul doute que quelques-unes d’entre elles n’aient désiré y participer. Concentrant tout le pouvoir aux mains d’un seul, supprimant bientôt (sous Tibère) les assemblées du peuple romain pour investir de leur compétence électorale le Sénat, l’empire a sinon arrêté, du moins retardé l’évolution qui sans doute se dessinait. Retardé seulement, car l’empire est pour la femme romaine une très grande époque. Sans doute il faut distinguer des périodes, et c’est au troisième siècle que s’applique cette appréciation d’un historien suivant laquelle, si ce n’est à notre époque en Amérique, la femme ne fut jamais aussi indépendante, aussi libre d’exercer son activité dans tous les domaines qu’à Rome sous les empereurs.

Sans doute aussi, et ceci s’applique à l’empire romain comme à tous les pays, il faut distinguer entre les lois et les mœurs.

Le droit romain est antiféministe ; c’est un axiome