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L’abrogation de la loi est une claire réponse. Pour la première fois à Rome, l’action collective des femmes a appuyé un projet de loi d’intérêt féminin. Caton, conspué par les matrones révoltées, nous fait penser à tel ministre anglais houspillé par les suffragettes. Dès le deuxième siècle avant J.-C. les femmes ont inventé l’action directe.

À partir du moment où est abrogée la loi Oppia, première des entraves qui retenaient la femme au foyer, l’influence féminine dans les affaires publiques va grandissant. À la révolution religieuse et morale qu’amène l’hellénisme, la femme prend une part prépondérante. C’est elle qui se passionne pour ces mystiques religions d’Orient, où le principe féminin est si haut exalté. Culte d’Isis, culte de Cybèle la grande mère — ces cultes qui firent la domination des femmes d’Asie — trouvent parmi les filles de la Louve des adeptes passionnées, des prêtresses. La fameuse société secrète constituée pour célébrer les mystères des Bacchanales, cette société dont l’œuvre de dissolution morale fut assez puissante pour inquiéter le Sénat romain, fut d’abord exclusivement féminine. « Les hommes n’y furent admis que beaucoup plus tard, et comme par grâce. » Ainsi que les Françaises du seizième siècle pour l’Italie, les femmes de l’aristocratie romaine se passionnèrent pour la Grèce, dont elles introduisirent les modes, les mœurs, la littérature et la philosophie. Instruite, — instruite à peu près autant que l’homme, — la matrone romaine est écoutée de son mari, et souvent intervient dans sa carrière politique. Veuve, elle forme l’esprit de ses fils, les lance elle-même dans les luttes du Forum. L’illustre mère